Le RAG (Retrieval-Augmented Generation), ou génération augmentée par récupération, représente l'une des techniques les plus puissantes pour exploiter les grands modèles de langage (LLM) sur des données privées et propriétaires. Cette approche hybride améliore les capacités des modèles de langage en intégrant des mécanismes de recherche avec des capacités génératives.
Ce guide explore le fonctionnement du RAG, depuis les implémentations simples jusqu'aux architectures d'entreprise utilisant des bases de données vectorielles.
Le RAG combine deux composants essentiels pour créer un système d'IA plus précis et contextuel.
Le composant de récupération vise à extraire des informations pertinentes d'un vaste corpus ou d'une base de données. Ces informations peuvent provenir de :
Fonctionnement : Face à une requête, le système de récupération recherche et retourne les documents ou passages les plus pertinents. Cette opération est souvent implémentée via des techniques de recherche vectorielle, où les requêtes et les documents sont représentés sous forme d'embeddings, et des mesures de similarité (comme la similarité cosinus) sont utilisées pour trouver les correspondances les plus proches.
Ce composant génère du texte en utilisant les informations récupérées, améliorant ainsi la qualité et la pertinence du résultat en l'ancrant dans un contenu factuel.
Fonctionnement : Le modèle génératif, typiquement un modèle de langage basé sur l'architecture Transformer, prend les informations récupérées et la requête originale pour produire une réponse cohérente et contextuellement précise. Cette intégration permet au modèle de fournir des réponses détaillées et spécifiques plutôt que de s'appuyer uniquement sur ses connaissances pré-entraînées.
| Avantage | Description |
|---|---|
| Accès amélioré à l'information | Le RAG permet d'exploiter dynamiquement de vastes sources de connaissances externes, améliorant ainsi la précision et la pertinence du contenu généré |
| Réponses contextualisées | Le composant de génération peut produire des réponses conscientes du contexte, facilitant l'interprétation d'ensembles de données complexes et de résultats |
| Réduction des hallucinations | En s'appuyant sur des sources factuelles, le RAG diminue les risques que le modèle invente des informations |
| Actualisation des connaissances | Permet d'utiliser des informations à jour sans avoir à réentraîner le modèle |
La mise en œuvre du RAG est relativement simple lorsqu'il s'agit de travailler sur quelques documents. De nombreux outils proposent des fonctionnalités RAG de base prêtes à l'emploi :
Processus simplifié :
Cette approche convient parfaitement pour :
Dans le contexte des opérations d'IA au niveau entreprise, un système RAG basique où les documents sont simplement uploadés peut ne pas toujours répondre aux standards requis. Les entreprises optent souvent pour une approche plus centralisée utilisant une base de données vectorielle.
Une base de données vectorielle (VectorDB) fonctionne de manière similaire à une base de données traditionnelle. Cependant, elle stocke de manière unique des embeddings de tokens, qui sont des représentations de données récupérables. Cela permet une gestion plus efficace et organisée de données complexes.
Embeddings : Un embedding est une représentation numérique d'un morceau de texte sous forme de vecteur (liste de nombres). Des textes similaires en termes de sens auront des vecteurs proches dans l'espace vectoriel.
Par exemple :
Stockage persistant : Conservation permanente de toutes les données textuelles, éliminant le besoin de re-téléchargements constants.
Intégration multi-sources : Capacité d'intégrer plusieurs sources dans une seule VectorDB. Vous pouvez connecter diverses applications, telles qu'AnythingLLM, une autre application LangChain, ou tout autre modèle de langage.
Sécurité des données améliorée : Les informations ne sont pas stockées localement sur les machines individuelles des employés, mais sur des serveurs sécurisés et centralisés.
Externalisation de la puissance de calcul : Décharge de la puissance de calcul et du stockage nécessaires pour exécuter les embeddings, réduisant la charge sur vos systèmes locaux.
Scalabilité : Capacité à gérer des millions de documents et des milliers de requêtes simultanées.
Coût : Les VectorDBs peuvent être coûteuses. Il est essentiel de s'assurer que les bénéfices surpassent l'investissement.
Compétences techniques : La plupart des VectorDBs nécessitent des compétences en programmation pour y accéder. Il est crucial d'avoir des membres d'équipe avec cette capacité.
Complexité : La mise en place et la maintenance nécessitent une expertise technique plus avancée qu'une solution RAG simple.
Il existe de nombreux fournisseurs de VectorDB disponibles aujourd'hui. Parmi les plus reconnus :
| Solution | Type | Caractéristiques |
|---|---|---|
| Weaviate | Open-source | Schéma GraphQL, support multi-modal, hébergement cloud ou on-premise |
| Pinecone | Cloud | Entièrement managé, optimisé pour la performance, facile à démarrer |
| Chroma | Open-source | Léger, orienté développeurs, facilité d'intégration |
| Nuclia | Cloud | Spécialisé dans la recherche sémantique, support multilingue |
| AstraDB | Cloud | Basé sur Cassandra, haute disponibilité |
| Qdrant | Open-source | Performance optimisée, support du filtrage |
| Milvus | Open-source | Très scalable, utilisé en production par de grandes entreprises |
Le choix de la bonne VectorDB dépend de vos besoins spécifiques, de votre budget et des compétences techniques disponibles au sein de votre équipe.
Lorsque vous souhaitez stocker et traiter des données, plusieurs étapes sont nécessaires :
1. Corpus de texte en langage naturel
Vous commencez avec votre texte brut : documents Word, PDFs, pages web, fichiers texte, etc.
Exemple : “The Force will be with you. Always.”
2. Génération d'embeddings
Le corpus entier de texte est transformé en embeddings (à l'aide de code). Chaque morceau de texte devient un vecteur de nombres.
Exemple d'embedding (simplifié) : `[0.789, -0.234, 0.156, …, 0.421]`
3. Découpage en chunks
Le corpus embeddings est divisé en morceaux de plus petite taille. Ce découpage permet une récupération plus rapide par la suite, car le système n'a pas besoin de traiter des documents entiers.
Stratégies de découpage :
4. Stockage dans la base de données
Les chunks découpés sont alors stockés dans la base de données vectorielle avec leurs métadonnées (source, date, auteur, etc.).
Lorsque vous interrogez la base de données, plusieurs options sont disponibles :
1. Recherche vectorielle
Un LLM (ou des modèles de Machine Learning plus simples) effectue une recherche dans la base de données et récupère les chunks les plus pertinents.
Le processus :
Exemple de question : “Quelle est la maison spirituelle de Jedi ?”
Chunks récupérés :
2. Augmentation du prompt
Les chunks récupérés sont ajoutés comme contexte supplémentaire au prompt que l'utilisateur a donné au LLM avec lequel il interagit.
Prompt final (invisible pour l'utilisateur) : ``` Contexte récupéré : [Chunk 1] [Chunk 2] [Chunk 3]
Question de l'utilisateur : Quelle est la maison spirituelle de Jedi ?
Réponds en te basant sur le contexte fourni ci-dessus. ```
3. Génération de la réponse
Le LLM génère une réponse en s'appuyant sur le contexte récupéré et ses connaissances générales.
Une architecture RAG d'entreprise typique comprend plusieurs couches :
Le choix du modèle d'embeddings impacte fortement la qualité de la recherche :
Critères de sélection :
Le découpage du texte influence la pertinence des résultats :
Fixed-size chunking : Morceaux de taille fixe avec overlap
Semantic chunking : Découpage basé sur le sens
Document-based chunking : Respect de la structure du document
Hybrid search : Combinaison de recherche vectorielle et recherche par mots-clés (BM25)
Re-ranking : Ré-ordonnancement des résultats après récupération
Filtrage par métadonnées : Pré-filtrage avant la recherche vectorielle
Problème : Les agents de support passent beaucoup de temps à chercher des réponses dans la documentation.
Solution RAG :
Résultat : Temps de résolution divisé par 3, satisfaction client accrue.
Problème : Recherche de jurisprudence et de textes de loi pertinents est chronophage.
Solution RAG :
Résultat : Gain de 10h/semaine par juriste.
Problème : Les développeurs cherchent constamment dans Confluence, GitLab, Slack.
Solution RAG :
Résultat : Onboarding des nouveaux développeurs 2x plus rapide.
Problème : Revue manuelle de centaines de contrats pour identifier des clauses spécifiques.
Solution RAG :
Résultat : Due diligence 5x plus rapide.
✅ Commencer petit : Prototype sur un domaine limité avant de généraliser
✅ Mesurer la qualité : Mettre en place des métriques (précision, rappel) dès le début
✅ Documenter les sources : Toujours fournir les références des informations récupérées
✅ Gérer les permissions : S'assurer que le RAG respecte les droits d'accès aux documents
✅ Monitorer les coûts : Les embeddings et requêtes s'accumulent rapidement
❌ Chunks trop petits ou trop grands : Trouver le bon équilibre (généralement 200-800 tokens)
❌ Ignorer la qualité des sources : Garbage in, garbage out
❌ Négliger le re-ranking : La première passe de recherche n'est souvent pas optimale
❌ Oublier les edge cases : Tester avec des questions difficiles, ambiguës ou hors-sujet
❌ Sous-estimer la maintenance : Les données évoluent, le système doit suivre
Intégration d'images, vidéos et audio dans le RAG :
Combinaison du RAG avec l'IA agentique :
Utilisation de graphes de connaissances :
Documentation officielle :
Bases de données vectorielles :
Tutoriels pratiques :
Articles de recherche :
Le RAG représente une avancée majeure dans l'utilisation pratique des grands modèles de langage. En permettant aux LLM d'accéder à des connaissances externes et actualisées, le RAG résout le problème fondamental des hallucinations et de l'obsolescence des connaissances.
Les bases de données vectorielles apportent la scalabilité et les performances nécessaires pour déployer le RAG au niveau entreprise, bien que cela implique des coûts et une complexité accrus.
La clé du succès réside dans :
Le RAG n'est pas une solution miracle, mais correctement implémenté, il peut transformer radicalement la façon dont une organisation exploite ses connaissances internes.